L’écologie et ses compromis financiers

Je vous partage aujourd’hui une publication rédigée le 30 décembre et publiée sur les réseaux. Il a entrainé beaucoup de réactions de soutien, de compréhension et de bienveillance mais également des messages attristés, j’ai donc eu envie d’en faire un article et d’approfondir la réflexion. Je vous la partage parce qu’il me semble qu’il faut aussi apprendre à faire des compromis quand on veut être plus écolo.

Non, tout ne sera pas parfait, on ne peut pas etre parfait d’une part et d’autre part, on vit aussi avec notre temps. Ce qui inclut Internet, des moyens de transports, l’électricité, des objets divers et varié, des hobbies parfois producteur de déchets et j’en passe. Bien sur vous pouvez réduire vos déchets, votre consommation d’énergie, vous priver de certain passe temps ou encore faire tous vos déplacements en trottinette (la trot constituant également un déchet, il faudrait d’ailleurs faire vos trajets à pied…), vous pouvez même aller vous installer au fond des bois et vivre d’amour et d’eau fraiche si vous y parvenez. Ou est-ce que je veux en venir ? Vous êtes obligée de faire des compromis. Tous les jours, au quotidien. Je vous parle ici des miens. Ce sont des choix alimentaires que j’ai fais pour l’instant, la situation changera sans doute, j’améliorerai encore mon impact, réduirai mes déchets mais là, pour l’instant, j’a fais ces choix. Je les assume, je ne m’en veux pas pour ce que je ne fais pas et me concentre plutot sur toutes les actions mises en oeuvre et celles sur lesquelles j’ai la capacité actuellement d’agir.

Des compromis pour une alimentation responsable

Le 30 décembre donc, je suis allée faire deux trois courses dans mon magasin bio. J’avais besoin de quelques bricoles pour les gourmandises apéritives du lendemain (la Saint Sylvestre). 

En temps normal, nous faisons les courses deux fois par mois en supermarché pour le frais, j’y achète aussi régulièrement quelques fruits et légumes. Et une fois tous les 2/3 mois, je fais le plein en produits secs, vrac, conserves dans mon épicerie bio.

Les compromis impliqués par une vie à la campagne

Et là, je n’avais pas anticipé le réveillon et pas très envie de me faire le trajet en vélo dans le froid. Je me suis dit que c’était l’occasion d’aller plutôt donner mes sous à ma petite épicerie qui en a bien besoin actuellement plutôt qu’à Lidl. Ben oui, parce que je ne me déplace qu’en vélo et mon supermarché habituel est à 6 km donc heu un peu la flemme, je l’avoue. C’est l’un des rares inconvénients de la campagne et c’est bien pour ca que pour l’instant, je n’ai pas trouvé ce qui me convenait niveau petits producteurs. Ils sont bien souvent trop loin de la maison. Monsieur a la voiture mais nous ne pouvons pas toujours nous farcir 30 km après le boulot pour aller chercher notre panier. Premier compromis donc : celui d’aller pour certains produits à coté de la maison, dans un petit supermarché et y prendre un maximum de produits français.

Il y a aussi bien sur l’option marché ! J’adore le marché mais ici nous ne sommes pas super bien loti, pas grand chose le weekend. Donc là encore, je dois faire mes déplacements en semaine, en vélo (et encore j’ai de la chance de pouvoir gérer mon emploi du temps ! ) et bon ben y’a des semaines où le temps ne se prête franchement pas à une balade à vélo 😅Sans compter que les prix sont parfois prohibitifs ! Bien sur qu’il faut payer le juste prix mais quand je vois des paniers à 35 euros pour 4 repas sans viande, il y a forcément un truc qui cloche.

Alors, on jongle entre marché, produits en supermarché et épicerie. Ça ne m’empêche pas de chercher d’autres alternatives et notamment la livraison à domicile en circuit court. Ce serait le top de recevoir toutes les semaines mon panier de fruits et légumes. En plus, j’adore l’effet surprise ! On ne sait pas ce qu’on aura comme légumes et fruits de saison, de quoi m’éclater encore davantage en cuisine! J’ai peut être bien trouvé d’ailleurs ! A tester 😊

Mais cette fois les quelques produits frais dont j’avais besoin, je suis allée les chercher dans ma super épicerie.

Et je suis ravie de l’avoir fait, j’ai pris du fromage du coin, quelques œufs, j’en ai profité pour reprendre quelques céréales en vrac et des flocons d’avoine, la base de beaucoup de mes collations saines. Et puis, j’ai discuté avec la propriétaire et la cuisinière puisqu’ils proposent également des petits plats végétariens pour le midi. Et c »est ca aussi qui fait tout l’intérêt de ces épiceries. L’échange. On prend le temps, on discute.

L’importance de la communication avec les commerçants

J’ai bossé 5 ans chez Lidl. C’est aussi pour ça d’ailleurs que j’y ai gardé mes habitudes, je vais aussi voir les anciens collègues au passage. Et on sentait que ce dont les gens avaient besoin souvent c’était juste de papoter un peu. Tous les matins, nous avions les mêmes retraités dont ça représentait la sortie, un peu de communication, certains nous racontaient un peu leur vie, nous posaient des questions sur la notre. J’ai reçu parfois tellement de bienveillance et d’affection par de simples clients que ça en était émouvant. Certaines phrases me sont même restées en mémoire parce que les jours où ça n’allait pas, des clients, des inconnus, trouvaient les mots justes pour me remonter le moral alors meme qu’ils ne connaissent rien à mes soucis. Et pourtant, on n’avait pas le temps. On devait aller toujours plus vite, on contrôlait le temps d’attente entre les clients, la vitesse à laquelle on allait pour encaisser, pour scanner les articles pour mettre une palette en rayon. Alors, parfois, quand je voyais cet adorable client un peu bavard rentrer dans le magasin, j’étais à la fois contente de le voir mais aussi un peu embêtée parce que je savais qu’il allait me ralentir dans mon boulot. Et ca c’est sacrément triste. On en vient à créer des caisses « bla-bla » chez Auchan pour rétablir la communication… On vit une drôle d’époque.

C’est pour ca que j’adore aller dans mon épicerie, aller à la rencontre de ces commerçants et échanger, découvrir des producteurs locaux et contribuer au succès de ce lieu de rencontre et de partage.

La différence de prix entre l’épicerie bio et le supermarché

Mais quand je suis sortie du magasin ce jour là, même si j’étais contente d’avoir aidé mon petit commerce, j’ai aussi et surtout pensé à tous les produits que j’aurais pu acheter pour la même somme dans mon supermarché, aux quinze jours de batch que j’aurais pu faire. Parce que oui, on pense à la planète mais on pense aussi à notre porte monnaie, à finir le mois sans être dans le stress parce que la bouffe a fait péter le budget du mois.

Je m’efforce au quotidien de faire au mieux pour l’environnement, de réduire mes déchets, d’éviter les achats inutiles. J’achète d’occasion, je crée mes cadeaux, je cuisine presque tout moi-même, je n’utilise que très peu de produits cosmétiques, je fais mes trajets en vélo ou à pied, mais ce n’est pas parfait et je suis ok avec ca. Je fais des économies sur certaines choses, ce qui me permet d’acheter plus de bio, de vrac mais je ne peux pas prendre tous nos produits alimentaires dans ces enseignes.

Pour l’instant, j’ai fais le choix de faire une partie de mes courses en vrac et de continuer à prendre le frais au supermarché parce que je n’ai pas les moyens d’être de partout. On consomme de moins en moins de viande mais lamoureux aime beaucoup ca et je n’ai pas toujours les finances pour l’acheter de très bonne qualité en boucherie. J’aimerais mais pour l’instant je ne peux pas. Alors je cherche les rabais et zéro gaspi en supermarché régulièrement et je congèle. Non, ce n’est pas parfait mais je n’ai pas à m’excuser de faire de mon mieux même imparfaitement. Je fais de mon mieux en fonction de ma vie, de mes possibilités, de mon budget. D’une manière générale, grâce aux économies que je fais en cuisinant tout moi meme, j’ai pu passer en vrac sans que ca n’impacte du tout mon budget course. J’espère bientot avoir un vrai potager ce qui me permettra de faire encore des économies et donc je pourrais encore améliorer la qualité des produits que j’achète. C’est une question d’équilibre et de choix. A terme, mon objectif est de me détacher complètement bien sur du supermarché mais ce n’est pas faisable pour l’instant.

Nous pourrions aussi choisir d’arrêter de consommer de la viande, des oeufs et du fromage dont nous sommes grands fan. On ferait des économies sur ces produits là que l’on pourrait dépenser ailleurs. Peut être même que nous pourrions nous détacher complètement du supermarché pour consommer uniquement des produits bio de l’épicerie. Mais nous n’en avons pas envie, c’est un choix. Le fromage c’est la vie, et je sais d’ors et déjà qu’à priori je ne serai jamais Végan… Je ne pense pas que ca me rende moins légitime dans ma démarche ou moins écolo.

Le désamour pour les épiceries bio

Suite a ce post sur les réseaux, j’ai reçu des messages de propriétaires d’épicerie bio. Des messages alarmants sur l’état de santé de ces petits magasins. On me disait être attristé parce que je parlais supermarché, parce que les épiceries ferment, parce que leur produits sont au juste prix et qu’il suffit de faire les bons choix, parce que les gens préfèrent acheter dans les enseignes bio en ligne alors que ca pollue… Je me suis dis qu’il était important également d’en parler ici.

Durant quelques années, on a vu une énorme augmentation du nombre d’enseignes de ce type, qu’il s’agissent d’indépendants ou de franchisés comme la Vie Claire, Naturalia, bio C bon etc. On voulait du vrac, on voulait du bio, on voulait du bon. Et bien sur les supermarchés ont flairé la bonne affaire… Et d’un coté, c’est bien. Pourquoi ? Parce que, qu’on le veuille ou non, certaines personnes ne franchiront jamais les portes d’une petite épicerie alors c’est bien que les grandes enseignes rendent le bio accessible à tous, c’est par eux que pourra passer la normalisation de ce type de produit. Si on veut que ca devienne la norme, malheureusement, ca passe assez par des distributeurs tout public… C’est une réalité. Dernièrement, j’ai vu un débat sur le fait que Netflix distribue un film sur la catastrophe écologique (Don’t look up) n’est ce pas hypocrite ? Ben non, il faut que ces grands groupes communiquent sur le sujet, le rendent accessibles à tous !! Ce n »est pas en restant dans notre coté avec l’étiquette bobo écolo, en allant dans nos magasins, en regardant nos films distribués par nos petits cinéma d’art et d’essai qu’on fera passer le message. Et si ca permet a certains d’accéder à une meilleure alimentation tant mieux. Il faut toutefois se méfier par exemple du vrac dans les supermarchés qui est parfois envoyé en tout petit conditionnement et sous plastique… Pas terrible ca ! autant prendre des pates sous emballage carton vu le prix qu’on vous fera parfois payer ce vrac qui n’en est pas !! Pourquoi pas commencer par là oui et puis au fur et à mesure, se tourner vers d’autres enseignes, moins « surconsommation » et plus « petite épicerie indépendant sympa ».

Parce qu’il est certain que la solution n’est en effet pas de maintenir ce système de l’hyperconsommation en remplissant sans cesse plus les caisses des hypermarchés. Les petites épiceries meurent. Elles ferment les unes après les autres, fortement impactées, comme tant d’autres, par la crise sanitaire. Il nous faut les aider mais la encore à notre niveau. Je ne peux pas porter le poids de toutes ces fermetures à moi seule, je ne vais pas me mettre dans le rouge tous les mois pour sauver mon épicerie. Je dois aussi penser à moi et agir dans la mesure de mes possibilités. On peut soutenir les petits commerçants en choisissant d’acheter certains produits chez eux. On peut les soutenir en parlant de ces enseignes entour de nous. J’inclus ici aussi la petite librairie indépendante, le magasin de jouet du centre ville, le petit artisan qui crée des lingettes lavables etc. On peut agir en les soutenant dans la mesure de nos moyens.

J’ai été embêtée par le fait que certaines personnes avaient mal pris le post en question. Je n’incite pas les gens à faire leurs courses en supermarché, bien au contraire. Je trouve juste important aussi d’évoquer cette réalité, nos imperfections et ces compromis. Nous n’avons pas tous la même vie, nous ne pouvons pas tous mettre en place les mêmes actions. Certains seront plus évidentes pour vous que pour moi.

Pour certains, la seule option pour mieux manger bio et/ou plus sain, ce sera peut etre les rayons du supermarché, pour d’autres ce sera les commandes en ligne. On ne peut pas se flageller à chaque fois pour ce qui ne nous est pas possible. On essaye juste de faire les bons compromis entre l’écologie et nos moyens. Parce que c’est un marathon, si vos actions sont trop couteuses (en temps, en argent, en charge mentale), vous ne tiendrez pas sur le long terme. Il vaut mieux voir le chemin parcouru, réfléchir à de nouvelles actions à mettre en œuvre mais sans culpabiliser ou se priver de tout. Si tous on consommait un peu dans ces petits boutiques, on arriverait peut etre progressivement à changer les choses.

Ce n’est pas parfait mais c’est déjà bien, ce n’est pas à une poignée d’entre nous de tout sacrifier pour préserver l’environnement mais à nous tous d’agir même à petite dose. Et c’est valable dans tous les domaines !

Alors quelles actions allez vous mettre en œuvre en 2022 ? « 

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